Le délire continue. Je parle de livres.
Ici même, ma bibliothèque virtuelle ne cesse de s'agrandir avec le double avantage que :
- je n'ai pas besoin d'en lire tous les livres,
- elle ne prend pas de place dans ma chambre, ni dans le couloir, ni à aucun des endroits où j'ai l'habitude d'entasser des livres. Chez moi, il y a même une bibliothèque dans les toilettes, et ce n'est pas du menu fretin.
Car oui, en plus de ceux que je consigne sur cette page (incroyable quand on y pense, ils tiennent tous sur UNE page, une page internet comme on dit), j'ai aussi de vrais livres, beaucoup trop en terme d'espace.
En principe, les objets me paraissent envahissants, les accumuler ne me plaît pas. Mais ça, c'est en principe car il y a tous les livres donc, puis aussi les tableaux, et puis il y a bien des objets aussi, des souvenirs, etc. Il faut bien leur trouver une place.
C'est là que me viennent les paroles d'une chanson d'Anne SYLVESTRE, Zen
Extrait :
Vous êtes zen
Pas un mouton, pas une tache
Pas une empreinte, c'est parfait
Mais qu'on me dise où donc se cachent
Tous les cadeaux que l'on vous fait ?
Les briquets, les colliers de nouilles
Les cendriers artisanaux
Les Vallauris et les grenouilles
Les photophores, les plateaux
Avez-vous des armoires pleines
De ces dangereux spécimens Que la vie parfois vous amène ? Pas du tout zen
Les livres, par exemple, aucune règle de rangement ou d'organisation valable permettant d'éviter la surcharge. Ma bibliothèque professionnelle a bien été délocalisée au bureau, j'ai beau défaire les piles à côté du lit, tenter de vidanger tous les 3 ou 4 ans les bibliothèques du couloirs à coup de valises direction Gibert Jeune (paix a son âme, reste encore Gibert Joseph). Rien n'y fait !
J'ai l'impression qu'ils se reproduisent, alors qu'en vérité, c'est simplement moi qui les achète. Sans compter ceux que l'on m'offre.
Ajoutez à cela que mon partenaire en bibliofolie présente la fâcheuse tendance à porter son dévolu sur des livres d'art qui prennent une place immorale.
Comme j'imagine pour tous les bibliofous, ces objets à feuilleter me tiennent chaud, me réconfortent. Ils sont ma couverture de mots, de survie peut-être. Je les ai choisis, je sais où ils se trouvent alors même qu'ils ne bénéficient d'aucun classement. J'aime pouvoir les prêter, les toucher, les montrer, y chercher quelque chose, une phrase, un titre, un nom, un poème.
Pourtant, soyons réalistes, ils sont bien trop nombreux. Tout comme les humains sur la planète, il y a surpopulation dans les biblis. Peut-on craindre que les livres souffrent à leur tour d'une épidémie ?
Erri De LUCA dans son très beau recueil de poèmes L'hôte impénitent, traduit de l'italien par Danièle VALIN, propose que les écrivains plantent des forêts. En voilà une idée qu'elle est bonne qu'il ne reste plus qu'à l'appliquer aussi aux hystériques de la collection livresque.
UN BOIS
L'amant grave l'arbre de ses initiales,
de sa lame il trace un cœur.
Mais le livre que j'écris sur mon cahier
est cellulose tuée par une scie à moteur,
la couverture est pulpe de conifère abattu.
Écrivain, plante un arbre pour chaque nouveau livre,
redonne des feuilles en échange des pages.
Un écrivain doit un bois un monde.
Erri De LUCA
Aller simple suivi de L'hôte impénitent
Trad de l'italien par Danièle VALIN
Poésie Gallimard
Un jour, à la radio, j'ai entendu parler d'un auteur qui se débrouillait pour ne conserver qu'une étagère de livres. Au fur et à mesure, il faisait le tri et ne gardait que les livres "essentiels". Merde, on ne peut plus utiliser ce mot !
Voilà un idéal vers lequel j'aimerais tendre, disons avec une bibliothèque au lieu d'une étagère. Seulement, pour y parvenir, il me faudrait des années de retraite régulière parmi les moines bouddhistes. Je ne suis pas prête.
Il y aurait bien une autre solution qui serait de fréquenter plus assidument les bibliothèques municipales. Ça tombe bien, je les adore, du moins certaines d'entre elles. Je vous épargne la liste. Emprunter des livres me donnerait l'occasion d'économiser à la fois de l'argent et de la place.
Mais il y a un problème : le coût social. Il est à craindre, en effet, la fermeture à plus ou moins court terme de quelques librairies si j'arrêtais d'y effectuer mes achats compulsifs.
Par ailleurs, pas moyen de souligner une phrase ou de retrouver un poème dans un livre emprunté, et par définition rendu.
Je me vois d'ici aller acheter en librairie des livres de la bibliothèque après les avoir lus et aimés, et ce dans le seul but de pouvoir les annoter.
C'est que l'on ne se soigne pas si facilement de bibliofolie.
Une intuition, comme ça, je parierais que la plupart des lecteurs réguliers de ce blog en sont atteints aussi.
PS : la bibliothèque la plus proche de chez moi n'est vraiment pas top. Il est vrai qu'on y trouve Le Matricule des Anges, mais à part ça, pas grand chose, ce qui est suffisamment notable pour être souligné vu l'excellente qualité générale des bibliothèques parisiennes. A croire que ça a été fait exprès pour me dissuader.
Du 27 février au 31 mars, les livres croisés dans le métro par votre servitante sont :
Leonora MIANO Afropea
Camille KOUCHNER La familia grande
Ce mois démarre sur les chapeaux de roues !
Jacques-Henry BERNARDIN DE SAINT PIERRE Paul et Virginie
S. K. TREMAYNE La menace
WATSON
Arnaldur INDRIOASON
Jean-Paul DUBOIS
Khaled HOSSEINI Les cerfs volant de Kaboul
The catcheur in the rye
Santiago H. AMIGORENA Le ghetto intérieur tandis qu'une femme lit un livre en hébreu juste à côté
Bruno LATOUR et Steve WOOLGAR La vie de laboratoire
La peinture danoise
Sur le chemin d'hok... (???)
Les mini mémos Foucher / Paie
Ken FOLLETT
L'ABORDE (pas l'hôpital, le nom de l'auteur.e)
Silo
Une petite fille lit un pavé : je croire lire Le fils de l'urssaf (peut-être le signe d'une autre forme d'obsession) mais il s'agit en réalité de
Le fils de l'Ursari de Xavier-Laurent PETIT
qui, si j'en crois Babelio, raconte l'histoire d'un petit garçon rom découvrant avec bonheur les jeux d'échecs au jardin du Luxembourg
Luca di FULVIO Le soleil des rebelles
Sorceleur
Une femme qui a besoin de s'asseoir et tout le monde qui regarde ses pieds. Tout change, rien ne change.
Charlotte DELBO Auchwitz et après I Aucun de nous ne reviendra
Roy JACOBSEN Mer blanche
Mademoiselle Coco
Marc LÉVY Ghost in love
Camille KOUCHNER La familia grande
Un homme se place debout pas très loin du double fauteuil où j'ai pris mes aises pour écrire. Observant qu'il ne reste quasiment plus de places libres, je cours mes affaires afin de libérer de l'espace. Le monsieur me regarde et me fait signe en précisant "non merci, c'est gentil, je risquerais de lire ce que vous êtes en train d'écrire." On sourit sous nos masques. En l’occurrence, je griffonne un rêve.
Il ajoute "c'est tellement rare de voir des gens écrire dans le métro." Il est touchant, il a l'air d'être ému à la vue de quelqu'un écrivant dans le métro. Je lui réponds que "ça se trouve de temps en temps, mais il faut dire que ce n'est pas très pratique." Au moment où je dis ça, j'ai mon sac à dos qui glisse et que je tente de rattraper en remontant ma jambe droite pliée le plus haut possible, le sac de mon ordi posé à côté de moi, le dos dans une position improbable que même un ostéo aurait du mal à le décrire.
Pourtant, il n'est pas convaincu, "Quand on a l'inspiration, il faut en profiter."
Puis, il se retourne pour me saluer cordialement quand vient le moment pour lui de sortir tandis que je continue à lutter avec sac, carnet, stylo, et ne parlons pas des mots.
Conflits de famille non de canard)
Un homme très chic remonte toute la rame pour demander à chacun avec une autorité limite agressive de mettre son masque correctement. Ce qui est très drôle c'est que tout le monde s'exécute sans moufter, de la femme en tailleur chic qui discutait au téléphone avec son masque sous le menton, au jeune posey qui le place sous le nez, comme il se doit
Le jeu de la vie
Fabrice CARO Le discours à ne pas confondre avec Quand elle était gentille de Philip ROTH
Big dédicace à ma fille qui, en voyant Le discours sur la table, m'assure que je l'ai déjà lu. Comme les lecteurs habitués le savent déjà, ma mémoire me joue des tours, mais là, pas moyen de me tromper, je n'avais jamais lu ce livre.
Elle est sûre d'elle. "Mais si je me souviens très de la couverture avec les mariés sur le gâteau, ça devait être il y a 4 ou 5 ans."
J'explique que c'est impossible et je cogite sur cette image. Mais oui, bien sûr, des mariés sur un gâteau, c'était le livre de ROTH ! Je le retrouve en 2 minutes chrono dans une bibliothèque, le sors et lui montre, toute contente. On compare, on se marre. Je suis épatée par son sens de l'observation. Si ça se trouve, tout comme il existe des tas de livres ayant pour titre Le cri, il existe d'autres livres à la couverture "mariés sur un gâteau", à suivre.
TOLSTOI
L'été de nos 20 ans
Victor HUGO Les misérables
Mathilde LARRÈRE Rage against the machisme excellent ce titre !
Une dame s'amuse avec son micro qui diffuse sur les quais du métro : "Bonjour, aujourd'hui samedi 13 mars, bonne fête à tous les Rodrigue !"
Le dernier Barack OBAMA Une terre promise si vous voulez faire de la muscu avec, ça marche aussi
Yadmina KHADRA
Antoine de SAINT EXUPERY Le petit prince
Jean D'ORMESSON Et moi, je vis toujours mais ça, c'était avant
GABRIËLE
Max CHATTAM La patience du diable
La maison des sources
Raphaëlle GIORDANO
Melissa DA COSTA
Don Miguel RUIZ La voix de la connaissance
17 mars, jour de la bascule énergétique en France. Paraît qu'on a "gagné" 15 jours cette année... Champagne alors ?
Un énorme livre d'étude : Le trauma
Devenir millionnaire à la façon de dieu ???? Après vérification, il s'agit d'un vrai livre qui existe dans la réalité concrète, je le jure.
Léo FRANKEL
Aurélien BELLANGER Téléréalité
Sarah CHASTENET Comprendre pour agir Le syndrome d'Asperger et ce n'est pas moi qui le lis
Michèle HALBERSTADT Née quelque part Bandeau "Sur les traces du photographe de Freud, j'ai trouvé mon père." Il faudra que je pense à demander à ma tante si elle ne lisait pas ça un de ces soirs à la station en question (je reste discrète), je crois bien l'avoir reconnue.
Aldous HUXLEY Le meilleur des mondes
Hervé Le TELLIER L'anomalie
En soi, le meilleur des mondes dans le métro est peut-être bien une anomalie.
dark quelque chose
J. B. Dos SANTOS La formule de dieu
Étés anglais
VOLTAIRE La vie comme elle va
Antoine BELLO Les éclaireurs
Delphine HORVILLEUR Vivre avec nos morts
Stephen HAWKING dans le métro ! Où l'on a affaire à un lecteur au fort potentiel de concentration
Spring on whales
Alice FERNEY L'intimité
Gunar STAALESEN Grande sœur
Léon Blum
Claire KEEGAN Ce genre de petites choses que je vous conseille vivement
Harry Potter
Émile ZOLA
Michael CONNELLY
Min Jin LEE Pachinko
Et la gagnante du mois est Camille KOUCHNER avec La familia grande
Viva !!!
Moi aussi, j’aime les gens qui écrivent dans le métro 🚇😘