Dans argent, il y a « art » et il y a « gens » (15 ans de travail psychanalytique auront été décisifs dans cette affaire). Et dans le livre de Christophe HANNA, il y a tout un tas de gens qui vivent – ou pas – de l’art. La question posée ici est « combien ». Pas combien de gens mais combien de sous.
Chaque « personnage », pour la plupart des poètes expérimentaux donc, ou gravitant dans ces cercles, se voit attribuer son chiffre d’affaire accolé à son prénom. L’auteur, Christophe2400, nous imbibe de la réalité pécuniaire de ses collègues, ami.e.s ou parfois simplement connaissances, une réalité toute particulière qui charme autant qu’elle agace. Combien est payée une lecture publique, et une signature? Combien peut rapporter un livre? Qui plus est de poésie. De quoi vit-on pendant ce temps-là?
Certain.e.s sont prêt.e.s à tout pour leur art et s’arrangent avec les amis, la famille, les circonstances pour vivoter. D’autres préfèrent avoir un boulot, souvent dans l'enseignement, les bibliothèques, ou les maisons d’édition, mais parfois aussi derrière une caisse de supermarché. D’autres encore ont la chance d’avoir hérité d’une somme suffisante qui leur permette de vivre des rentes d’un petit appartement parisien sans trop se préoccuper, ce qui pourrait irriter Laurent2000 qui considère que l’argent est fait pour être claqué. D'ailleurs A chaque fois qu'il a gagné de fortes sommes, par exemple durant la période où il travaillait avec Léo Scheer, il se souvient de les avoir dilapidées en restau, grands hôtels, alcool et drogues.
Et puis il y a celles et ceux qui vivent en province – une majorité – parce qu’ils y sont bien ou parce que la vie y est moins chère, ou les deux. Le livre va crescendo par tranche de revenus, ce qui fait que l’on commence avec des micro revenus et qu’on finit plus que confort. Car oui, il y en a aussi – enfin, un surtout – qui vivent de leur poésie, et bien. Mais ce privilège a aussi un coût, qui se nomme l’angoisse, du genre « Quand est-ce que ça va s’arrêter ? » ou « Et si ça s’arrête, je fais comment ? » Tous les gens qui vivent de leur art savent cela, pas uniquement les poètes. C’est en effet une chose de pouvoir-savoir-vouloir-devoir s’exprimer par l'art, et c’en est une autre que le monde accepte cette liberté et vous la paye. Nous, lecteurs, on est tout de même contents de savoir que c’est possible.
Étrangement, tous les calculs de Christophe HANNA nous donnent parfois envie d'aller chercher un auteur. Qui est par exemple ce certain Antoine1100 qui [lui] a offert une de ses œuvres, c'est le livre qui se voudrait le plus simple de [sa]bibliothèque : que des images, une par page, quand on appuie sur les photos de pizzas ou de chats, on entend : "Oh! pizza!" ou " Oh! cat!" Si c'est une tarte, un chien; la voix dit : "Not pizza" ou "Not cat".
Expérimental en effet. Pourrait néanmoins être très utile pour l'apprentissage de la négation chez les jeunes enfants que je reçois (si toutefois ils étaient anglophones, mais passons).
J’ai envie d’offrir ce livre, que je lis une fois encore dans le métro, à mes amies poètes et écrivaines pour qu'elles se marrent, se sentent moins seules peut-être, ou encore s’amusent à reconnaître quelques auteur.e.s.
Pour ma part, j’ai trouvé Cyrille MARTINEZ caché derrière Cyrille2200. (Un extrait de son livre « Le poète insupportable » figure dans le post du 10 juin, « Uncreative writing ».)
Nathalie2400 est Nathalie QUINTANE, qui a écrit « Que faire des classes moyennes ? », édité par P.O.L. en 2016. Le livre est posé sur l'une de mes étagères fétiches (ici en photo dans l'onglet « Cé KWA ? », ce qui n'était aucunement prémédité, je le jure). Dans cet ouvrage à la fois passionnant, dense et facile d'accès, Nathalie QUINTANE écrit par exemple : L'enseignante en lettres que je suis considère que l'accomplissement de soi-même passe par la lecture de la littérature. La littérature occupe selon moi le sommet de la pyramide de Masselo, car elle confère une richesse absolument indemne de pognon - on n'est même pas obligé d'acheter un seul bouquin tant qu'il y a des bibliothèques. On notera qu'il est aussi question d'argent dans ce livre. -
Quant à Olivier4000, il s’agit d’Olivier CADIOT dont je ne peux citer aucun ouvrage sans l’aide d'internet (désolée) et dont j'ignore même comment je connais le nom… En revanche, j’ai compris qu’il était souvent adapté au théâtre, ce qui me donne envie d'aller y lire de plus près.
En attendant, un conseil pour la saison des cadeaux : si vous n'avez pas d'idée, pensez à l'"ARGENT", ça fait toujours plaisir.
Christophe HANNA
ARGENT
Editions Amsterdam. Paris, 2018
Un grand merci à Mathieu LINDON (et à ses critiques dans Libé) sans l'entremise duquel HANNA (et MARTINEZ) ne seraient pas parvenus jusqu'à ma bibliothèque.
Semaine du 12 au 18 novembre, ça lit ça dans les souterrains parisiens :
4 livres, tous hors de portée d'yeux...
Gérer la dissociation...
Nicolas MATHIEU Leurs enfants après eux (ça aura été vite entre le Goncourt et la ligne 9 !)
Stefan ZWEIG
Michel HOUELLEBECQ
William FAULKNER Tandis que j'agonise
LENOIR
Norman MANEA
Aldous HUXLEY Le meilleur des mondes ce qui nous change un peu de 1984
Ken FOLLETT La trilogie du siècle (le lecteur à la casquette à l'envers, le retour ;) voir le post "devinettes")
Harlan COBEN
Un homme déguisé en privé américain tout droit sorti d'un film des années 60 (feutre, imper, sacoche en cuir) lit un polar.
Jodi PICOULT La tristesse des éléphants
C'était mieux avant
Leïla SLIMANI Chanson douce (Ils ressortent le Goncourt 2016 du coup?)
Un barbu (qu'il me semble avoir déjà vu) lit un manga.
Quelques autres hors de portée de vue...
Le conducteur a dû se tromper de bouton. Dans le wagon, on entend "??? Gabi, j'en ai marre, j'te supporte pluuus." avec un sourire dans la voix. Ca fait marrer tout le monde, ou presque.
Bernard MINIER Nuit
Philip ROTH Pastorale américaine
Georges DUBY et Michelle PERROT Histoire des femmes en Occident Le XIXème siècle
Winston CHURCHILL Mémoires de la Grande Guerre
Prosper MÉRIMÉE La Venues d'Ille
Albert CAMUS
HOMERE l'Iliade
Ève BABITZ jours tranquilles brèves rencontres
J'ai déjà vu cette femme avec son livre, je reconnais ses chaussures (véridique) mais je n'arrive toujours pas à choper son livre... Quelques contorsions plus tard :
Joël DICKER
TREVANIAN
Milan KUNDERA L'Insoutenable légèreté de l'être
Normal(e)
Peter ROBINSON
The riviera set
Les Saintes plaies de Jésus Christ
Rien que le titre, ça me fait mal.
Un manga (que lit une ado cette fois).
Agatha CHRISTIE Les vacances d'Hercule Poirot
Rebecca LIGGHIERI Les garçons de l'été
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